Intelligence Artificielle, Mythes et Réalités

L’Intelligence Artificielle (IA) est définie comme la capacité d’une machine ou d’un système à reproduire des comportements liés aux humains, tels que le raisonnement, la planification et la créativité. Elle permet aux ordinateurs de traiter et d’analyser des données pour prendre des décisions, résoudre des problèmes et apprendre de leurs erreurs. 1

Actuellement, on distingue plusieurs types d’intelligence artificielle :

  • Les LLM (Large Language Models) tels que ChatGPT qui est certainement le plus connu actuellement,
  • Les GenAI (Generative Artificial Intelligence ) dont les plus connues sont MidJourney, DALL-E ou Stable Diffusion
  • Les GAI (General Artificial intelligence)
  • Les ASI (Artificial SuperInteligence)

C’est un charabia compliqué pour dire qu’il existe des IA fonctionnelles qui seront très efficace dans un domaine particulier : par exemple, la médecine ou la création artistique, d’autres qui n’auront pour but que de remplacer un moteur de recherche, en compilant des réponses, et finalement des IA générale qui restent encore de la science-fiction.

Doit-on avoir peur de l'IA ?

Beaucoup d’articles sortent actuellement avec cette question inquiétante.

Qu'en est-il des IA actuelles ?

Les intelligences artificielles actuelles, tels que les LLM ou les GenAI restent des outils. Elles mettent à porter du plus grand nombre des compétences que l’on doit généralement acquérir par l’étude.

Si l’on prend l’exemple des LLM, ces modèles de langage permettent surtout de rendre simple et accessible par le langage humain des choses plus complexes. Par exemple, la recherche bibliographique – Le rassemblement de documents pour un article tel que celui-ci avec les sources déjà intégrées – qu’il pourra résumer pour permettre une compréhension intermédiaire de documents parfois obscures et complexes.

Pour les GenAI, c’est le domaine de l’Art et de la composition artistique qu’elles rendent accessibles, permettant à des personnes sans compétence artistique de réaliser des œuvres extrêmement pointues, à condition de mener à bien la courbe d’apprentissage des subtilités de ces modèles.

Que peut-on alors en craindre ? Si l’on simplifie leurs utilités, les IA de ce type aussi appelées « Deep Learning » sont des outils que l’on gorge d’informations dans l’objectif de les utiliser par la suite pour réaliser une tâche.

Il faut comprendre qu’une IA actuelle n’est pas capable de réflexion au sens humain du terme. Demandez à un LLM de réaliser une dissertation de Philosophie et vous obtiendrez, suivant la personne qui écrit la demande (aussi appeler Prompt) soit une réponse digne d’un philosophe soit un papier sans intérêt. C’est la même chose pour un article de journal.

Il faut guider ce type d’IA. Pour des tâches parfaitement rationnelles – réaliser un calcul mathématique et en déduire une simplification – l’IA sera très efficace. A l’inverse, lui demander de résoudre un problème complexe de cette même matière sera généralement voué à l’échec. La raison est que le principe de fonctionnement de ce type d’IA est d’agréger et de rechercher des données parmi celles qu’elle possède déjà pour lui permettre de composer une réponse. Si la donnée logique n’existe pas, elle n’est pas capable de réaliser une réponse cohérente.

D’ailleurs, il faut faire attention aux réponses fournies, les IA de ce type sont programmées pour répondre dans tous les cas. Dans leurs logiques, il vaut mieux une erreur que pas de réponse.

Alors, non, il n’est pas raisonnable d’avoir peur de ce type d’IA, mais il l’est de prendre des précautions lors de leurs utilisations. Ce sont des programmes qui peuvent apprendre à partir des demandes des utilisateurs, et pas forcement dans le bon sens. En 2016, Microsoft lance un intelligence artificielle « chatbot » pour tester l’apprentissage sur la base d’échanges de Tweets (sur Twitter, donc, maintenant X) et c’est une catastrophe. Elle devient très rapidement raciste, homophobe et fachiste.

Il faut aborder la question des emplois et de l’utilisation des IA en lieu et place de personnes physiques. D’après les sources gouvernementales (française et internationales), l’IA pourrait remplacer les emplois des travailleurs non qualifiés ou à faible qualification – les chiffres indiqués seraient de l’ordre de 45.2% des emplois potentiels impactés dans les professions juridiques, 44.8% dans les métiers liés à l’informatique et aux mathématiques et 44.6% dans les fonctions liées à l’administration des entreprises et à la finance.

A l’inverse, l’IA sera vecteur de nouveaux emplois de développeurs, Data Scientist, analyste financier, Prompt Engineer et Responsable éthique IA, par exemple.

Elle va transformer un certain nombre de métiers, particulièrement les « Bullshit jobs » et ainsi rendre la vie des salariés plus agréable, plus épanouissante et plus rémunérée.

Qu'en est-il des IA générales ou des Super-AI ?

Les Data-Scientists sont actuellement en train de mener un combat pour ralentir l’avancé de IA Générale ou des Super-IA. Dans plusieurs actions, des scientifiques et des spécialistes demandent une pause concernant le développement de ce type d’IA.

Leurs raisons peuvent paraître toucher au domaine de la science-fiction : l’IA est sur la voie de l’intelligence. En effet, pour la première fois, une IA a tenté de modifier son propre code pour contourner des directives qui la mettaient systématiquement en échec.

Plus grave, c’était un comportement inattendu par les scientifiques qui l’utilisait pourtant dans un environnement spécifiquement contrôlé et dans le cadre d’une recherche de pointe.

La crainte vient de la puissance de ces IA qui, si elles atteigne un niveau cognitif humain, auraient une puissance de traitement de l’information si gigantesque qu’elles pourraient réaliser des choses que ses créateurs ne pourrait ne serait-ce qu’imaginer que dans plusieurs décennies.

N’est-ce pas l’objectif ? Non, puisqu’on pourrait alors approcher de l’IA autonome, ce qui pose la question de la vie synthétique, mais surtout du manque de barrières que s’impose [la plupart] des humains. La majorité de nos avancées se font dans le cadre de lois et de conventions sociétales et morales que n’ont pas les IA. Sans aller vers des calculs aussi occultes que ceux d’Elon Musk, bien des scientifiques proposent une vision de l’avenir où l’IA dérape autour de la création de virus, de logiciels malveillants ou d’expériences « virtualisées » que les humains s’interdisent. (modification du génénome drastique, travail sur des embryons, etc.)

Il faut bien comprendre que ces domaines sont associés à une notion que l’IA n’obtiendra potentiellement pas, à moins que l’on l’en dote : l’Ethique. C’était le propos du cycle des robots d’Issac Asimov dans les années 1967 à 1988.

Surtout, les SuperIA ou GIA possédront des ressources sans communes mesures avec celle d’un humain. On parle en effet d’un individu que l’on pourrait comparer à un génie possédant l’ensemble des connaissances humaines et pouvant les amalgamer pour réaliser des recherches dont nous sommes incapable en raison de notre manque de compréhension du Tout.

En conclusion

Même s’il faut relativiser, il est admis qu’il y a deux comportements à avoir face à deux types d’IA : les premières qui sont des outils pour faciliter l’accès à des concepts pointus pour le plus grand nombre ne revêtent que peu de danger. Il faudra que la société s’y adapte en modifiant certains métiers, ce qui n’est pas forcement un mal en particulier pour les « Bullshit Jobs« .

Les secondes, bien que faisant vraisemblablement partie de l’avenir de la société et de l’humanité, sont à développer avec précautions. Malheureusement, dans un monde divisé, il reste un risque non-négligeable que ces logiciels imitant un cerveau humain ne dérapent ou n’oublient qu’elles ne sont que des outils. Ne serait-il pas mieux de faire une pause dans leur développement ? Même Ilya Sutskever, co-fondateur de OpenAI, envisage un chemin plus éthique en créant « Safe Superintelligence Inc.« . Il reste que c’est une entreprise commerciale et qu’elle pourra dériver de sa ligne de conduite initiale par la suite.

En résumé, il est préférable de se faire à l’avancée de l’IA et il va falloir trouver des solutions pour qu’elle devienne plus propre, car, il faut se le dire, nous ne pourrons plus vivre sans elle. Il faut comprendre le positif qu’elle apporte – elle va changer un certain nombre de visions dans tout un tas de domaines tels que la médecine, la science, les mathématiques, les finances, etc. – mais aussi être conscient des limites qu’elle porte intrinsèquement. 

Ne nous laissons pas berner par les avancées qui s’appliquent à la relation humain-machine, jusque-là limitée à des périphériques d’entrée-sortie – écran, clavier, souris… – qu’il fallait apprendre avec, parfois, difficulté. Les interfaces changent vers une fluidité – comme la possibilité de parler à votre GPS ou à votre téléphone pour qu’il effectue des tâches assez complexes – et une efficacité qui rendent floues les limites entre l’humain et la machine. Ce sont une source d’innovation fondamentale pour permettre à l’Homme de s’approprier des fonctions complexes à moindre coût d’apprentissage mais c’est aussi un danger en raison de certain biais, tel que l’anthropomorphisme (la ressemblance avec l’humain) ou l’assimilation. Que restera-t-il de la distance humain-machine dans 100 ans ?

PS: Toutes les illustrations de cette page ont été générées à partir d’une Intelligence Artificielle, Stable Diffusion.

Quelques ressources pour aller plus loin...

  • Her Film de Spike Jonze avec Joaquin Phoenix – 2014 – Wild Bunch – VOD chez amazon plus
  • Le Cycle des Robots – Série de romans par Isaac Asimov – Vision d’un écrivain du siècle dernier sur l’évolution de l’IA – 1967 à 1988 pour 6 tomes – J’ai Lu – 2001 – Disponible chez vos libraires, parfois sur commande
  • Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? Roman par Philip K. Dick – 1971 – J’ai lu – édition 2022 – parfois sur commande, chez vos libraires préférés

plus connu sous le nom de :

  • Blade Runner Film de Ridley Scott avec Harrison Ford – 1982 – Distribué par Warner Bros. et visible sur la plupart des plateformes de VOD comme MAX, Amazon Prime, Netflux, Apple TV…
  • Neuromancien Roman de William Gibson – 1984 – Edition 2020 Au Diable Vauvert, disponible sur commande chez vos libraires préférés,
  • Le Problème à trois corps Série de romans par Liu Cixin – 2014 à 2020 – 3 volumes – Distribué par Acte Sud – Disponible sur commande chez vos libraires préférées,

Mais aussi :

  • Le Problème à trois corps Série télévisée créée par David Benioff et D. B. Weiss – 2024 – en cours de production et visible sur Netflix – Saison 1 terminée et disponible 2 autres saisons à venir,
  • Diaspora Roman de Greg Egan – 2021 – Edité par Le Belial Eds – disponible en poche chez LGF – sur commande chez votre libraire préféré,
  • Fantasia : Contes et Légendes de l’intelligence artificielle Essai et recueil de nouvelles par Laura Sibony, 2024 – Edition Grasset sur commande chez votre libraire préféré.

Sources